Yaki Society : Alexis, entre brochettes, saké et quête de sens
- Service Compris
- il y a 6 jours
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Après des années passées dans l'univers de la publicité, Alexis a changé radicalement de cap. Fini les open spaces, place aux fumées boisées d’un comptoir à yakitori. Avec Yaki Society, il réinvente l’art du barbecue japonais à Paris, porté par une exigence artisanale et un vrai sens du partage. Rencontre avec un entrepreneur qui allume le feu pour mieux rallumer sa flamme.
Qui es-tu et que fais-tu aujourd’hui ?

Alexis : Moi, c’est Alexis. J’ai fondé Yaki Society, un comptoir à yakitori : ces fameuses brochettes japonaises grillées au charbon. J’ai commencé à bosser sur le projet en 2024, et j’ai ouvert le restaurant en mars 2025, dans le 10e arrondissement de Paris.
Qu’est-ce qui t’a inspiré à créer Yaki Society ?
Alexis : Tout est parti d’un voyage au Japon en 2019, pour le boulot. Je réalisais une pub et un clip là-bas. J’ai pris une vraie claque sur le plan gastronomique.
"Je connaissais le Japon par le cinéma, je l’imaginais froid, très codifié. Mais j’ai découvert un pays chaleureux, festif, où les gens sortent boire un highball et grignoter des yakitori en costard-cravate."- Alexis, fondateur de Yaki Society
Je me suis dit qu’il manquait un vrai bar japonais à Paris. Le projet a commencé comme un bar, et s’est transformé en resto.
Que faisais-tu avant et pourquoi as-tu arrêté ?
Alexis : J’étais réalisateur et directeur artistique dans une agence créative parisienne, spécialisée dans le luxe. Je faisais des campagnes vidéo et photo qui duraient des mois, mais qui s’épuisaient vite.
Je ne me reconnaissais plus dans ce milieu. Trop d’efforts pour des résultats éphémères. J’avais envie de revenir à quelque chose de tangible, de vrai.
Quel a été ton déclic ?
Alexis : Le trop-plein de pub. Un moment où je me suis senti totalement enfermé, vidé. Je passais mes journées derrière un écran à inventer des idées formatées. Il fallait que je me réinvente, et que je retrouve du plaisir immédiat dans ce que je faisais.
À quelle étape as-tu contacté Service Compris et comment nous t'avons aidé ?
Alexis : Au tout début. Quand j’ai réalisé que Yaki Society pouvait être un plan B sérieux pour sortir de la pub.
Je n’y connaissais rien en restauration, donc j’ai cherché un accompagnement. Je suis tombé sur Service Compris un peu par hasard en ligne, j’ai envoyé un pitch de mon projet... et c’était parti !
J’ai aussi utilisé leur application et leur WhatsApp au début pour trouver des fournisseurs, poser des questions, avoir des retours d’autres porteurs de projet. C’était précieux pour démarrer.
Comment s'est passé ton mentorat avec Pauline ?

Alexis : C’est vraiment ce qui m’a permis d’y arriver. J’ai reçu une méthode, des contacts, une structure.
Et surtout, j’ai été accompagné par Pauline, qui est super carrée, l’inverse de moi. Elle m’a appris à anticiper, à organiser mes idées, à rester concentré.
Pauline m’a apporté une rigueur que je n’avais pas. J’ai tendance à partir dans tous les sens, à m’éparpiller. Elle m’a appris à travailler différemment.
Elle m’a surtout soutenu dans les moments de doute, sans jamais lâcher. C’était exactement la personne qu’il me fallait.
Quelles ont été tes plus grosses difficultés ?
Alexis : Les travaux ont été durs : plus longs, plus chers que prévu.
"J'ai eu une différence de 20 000 euros à absorber tout seul." - Alexis, fondateur de Yaki Society
Mais j’ai eu la chance que Service Compris me mette en relation avec CREA TCE, une super société de rénovation.
Autre difficulté : au début, je travaillais encore en agence, donc je devais jongler entre deux vies. C’était épuisant.
Quelle a été ta plus grande fierté ?
Alexis : Le jour où j’ai fait une journée de test en cuisine avec mes deux chefs. On a tout goûté, revisité les recettes ensemble. Et là, j’ai su que j’avais retrouvé le Japon, que le projet prenait vraiment vie.
Pourquoi le nom “Yaki Society” ?

Alexis : “Yaki” veut dire grillé en japonais. Je ne voulais pas me limiter au yakitori. Le barbecue est central.
“Society”, parce que je voulais créer un club, un rendez-vous, une ambiance d’après-boulot à la japonaise, avec brochettes et highballs. À la base, le nom devait être Yakitori Social Club, mais c’était trop utilisé.
Comment as-tu trouvé tes chefs ?
Alexis : Sur Indeed ! Je cherchais une vraie expérience en cuisine japonaise, et quelqu’un qui parle japonais. Je voulais pouvoir accueillir des clients japonais exigeants. J’ai rencontré Kalec en premier, puis Sylvie quelques entretiens plus tard. Ça a matché tout de suite.
Quelle atmosphère voulais-tu créer dans ton resto ?

Alexis : Quelque chose de moderne, brut, mais chaleureux. Pas de lanternes kitsch ou de kanji sans sens.
J’ai bossé avec Chloé Leymarie, une architecte avec qui j’ai eu un vrai coup de cœur. On partageait la même vision, basée sur les matières brutes : bois, béton, pierre.
Parle nous de tes plats, peux-tu nous en dire plus ?
Alexis : Le yakitori, évidemment ! On en a une dizaine à la carte, toutes préparées chaque matin au charbon.
Deux plats sortent du lot : le tsukune (boulette de poulet à la chapelure panko) et le yaki onigiri, un riz grillé sauce soja, croustillant comme un petit gâteau. Et même le cœur de poulet surprend agréablement !

Une brochette que les gens n’attendent pas ?
Alexis : Le cœur de poulet. Les clients pensent que c’est une expression poétique, mais c’est vraiment du cœur ! C’est tendre, fumé, un peu comme un gésier mais plus fin. Les gens adorent.
Et côté boissons ?

Alexis : J’avais très envie de démocratiser le highball. On en propose au whisky, au shochu gingembre épicé maison, ou à l’umechu (alcool de prune). Et surtout, j’ai mis l’accent sur le saké artisanal. Aujourd’hui, j’en vends plus que du vin ! J’en ai 6 à la carte, dont un saké nature fermenté sans levures ajoutées. Très aromatique.
Tu peux nous parler de ta clientèle ?
Alexis : Oui, et je suis super content de voir que les gens du quartier viennent régulièrement. On a une vraie base d'habitués. Le midi, c’est souvent des gens qui bossent dans le coin.
Le soir, j’ai pas mal de couples qui viennent manger au comptoir, pour l’ambiance et le lien direct avec nous. Il y a aussi des passionnés de culture japonaise, des clients japonais de passage, et des curieux qui ont entendu parler du lieu. J’adore discuter avec eux, leur faire découvrir le saké ou les yakitori, raconter pourquoi j’ai monté ce projet.
Quelle est ta démarche éco-responsable ?
"Je choisis des fournisseurs engagés, en circuit court, des produits bio ou artisanaux. " - Alexis, fondateur de Yaki Society
Alexis : Je fais très attention au gaspillage. On réutilise, on transforme. Par exemple, les plantes de notre sirop maison deviennent de la poudre pour faire des cookies relevés à base de gingembre.
Je crois à une cuisine intelligente, avec le moins de déchets possible.
Et tes produits, tu les sources comment ?
Alexis : Pour la viande, je travaille avec une boucherie familiale qui existe depuis les années 70 : la boucherie Jean-Louis à Aubervilliers, reprise par le petit-fils, Paul Billot. Ils sont en lien direct avec les producteurs. Il m’a fait visiter leurs ateliers, expliqué la traçabilité. On travaille avec du poulet, bœuf, porc et canard. Ce n’est pas une carte énorme, donc je peux me permettre de travailler sur la qualité avant tout.
Des projets pour la suite ?
Alexis : Oui ! J’aimerais proposer des résidences de chefs, mixer le barbecue japonais avec d’autres cuisines (mexicaine ? colombienne ?), sortir du 10e, faire des événements, un stand au Festival de Cannes... Et ouvrir un deuxième Yaki Society.
Affaire à suivre 🍢 !
📍11 rue Marie et Louise 75010
🕦 Du mardi au samedi de 12h00 à 15h00 puis de 18h30 à 00h00
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