Notre alumni Victoire, ouvre Comptoir Beldi : une table marocaine à cœur ouvert

Entre artisanat, quête de sens et cuisine de partage, Victoire a tout plaqué pour ouvrir Comptoir Beldi, un restaurant marocain moderne et chaleureux à Paris. Elle revient sur les étapes, les doutes, les déclics et l’envie tenace de proposer une cuisine sincère, qui lui ressemble.

Peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours avant Comptoir Beldi ?

Victoire : Je m’appelle Victoire, j’ai 26 ans. J’ai un parcours plutôt classique : école de commerce à Nice, puis un master en entrepreneuriat à l’ESCP. Avant de me lancer dans la restauration, j’ai bossé dans une startup de vin bio, c’est là que j’ai mis un premier pied dans le milieu, en lien direct avec des restaurateurs. Mais avant ça, je n’avais jamais bossé en salle ou en cuisine.

C’est après mon master que tout s’est accéléré. J'ai décidé de faire une pause de deux ans afin d'acquérir de nouvelles compétences : McDo, bistrots, plages, restos parisiens…

"J’ai tout fait pour comprendre si j’aimais vraiment ça. Ces deux années m’ont permis d’apprendre, de toucher à tout, et surtout de me dire : ok, je suis prête à me lancer." - Victoire Lemineur, fondatrice de Comptoir Beldi

D’où vient l’idée de Comptoir Beldi ?

Victoire : Le projet est né pendant mon master. J’ai toujours été attirée par l’hôtellerie-restauration. Et puis il y a eu mes attaches personnelles avec le Maroc. Je ne suis pas d’origine marocaine, mais j’y vais depuis que j’ai 5 ans avec ma mère. J’adore ce pays : sa richesse culturelle, la chaleur des gens, le sens du service, la cuisine, les paysages… Pour moi, c’est un des plus beaux pays du monde.

Comptoir Beldi, c’est la rencontre entre mes études, mon amour pour ce pays, et cette envie de créer un lieu qui me ressemble.

Tu te souviens du moment où tu t’es dit : « J’y vais » ?

Victoire : Oui, clairement. Le premier, c’est juste après mon diplôme. Je me suis posée et je me suis dit : "soit j’y vais à fond, soit je laisse le projet de côté." Et comme j’étais passionnée, je n’ai pas hésité longtemps.

Le deuxième moment fort, c’est quand j’ai trouvé mon local. Une fois que j’ai fait une offre, c’était clair : plus de retour en arrière possible.

Tu as été accompagnée par Service Compris. Pourquoi ce choix ?

Victoire : Une fois seule, j’ai eu besoin d’un cadre. Je n’avais pas d’associé, pas encore d’expérience solide dans le secteur. Et je me sentais illégitime, surtout pour manager une équipe.

"Service Compris m’a apporté ça : un écosystème, du soutien, des contacts, mais aussi un cadre émotionnel. On ne parle pas assez du mental dans l’entrepreneuriat. Moi, j’avais besoin d’être entourée." - Victoire Lemineur, fondatrice de Comptoir Beldi

Comment s’est passée ton accompagnement avec ton mentor Julien ?

Victoire : Julien m’a accompagnée très tôt, donc on a bossé ensemble longtemps. Il m’a aidée sur plein de sujets : cadrer mon offre, trouver le bon local, recruter… Il m’a aussi aidée à ajuster ma vision. Au début, j’étais trop vague sur certains aspects, ou trop rigide sur d’autres. Aujourd’hui, la carte est bien plus diversifiée et cohérente qu’à l’origine.

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Entreprendre seule, c’est comment ?

Victoire : C’est dur. Je suis de nature assez solitaire, donc au début je pensais que ce ne serait pas un problème. Mais en vrai, c’est compliqué de ne pas pouvoir partager à 100 % ce qu’on vit. Il n’y a que moi qui porte la vision, et ça peut être lourd. Parfois, je me dis que ce serait bien d’avoir un associé. Quelqu’un de complémentaire, pas forcément un profil école de commerce comme moi, mais plutôt quelqu’un de terrain.

D’où vient le nom “Comptoir Beldi” ?

Victoire : Je me suis inspirée de deux lieux à Marrakech que j’adore : le Comptoir Darna : un resto festif mais pas cliché, et le Beldi Country Club : un endroit calme et plein de charme.

Comptoir parce que j’ai toujours aimé manger au bar, observer, discuter, être au cœur de l’action. Et Beldi, qui signifie “local”, "traditionnel" ou "authentique" en arabe, pour ce lien avec l’artisanat, les racines, l’authenticité.

Et l’ambiance du lieu ?

Victoire : Je voulais un endroit chaleureux, vivant, pas froid ni minimaliste. J’ai choisi des couleurs chaudes, des matières brutes. J’ai aussi fait venir toute la vaisselle et la déco du Maroc. J'en ai aussi chiné ici et là. Ce niveau de détail crée une vraie immersion. Même les verres ont été fabriqués là-bas. C’est important pour moi que tout ait du sens.

Parle-nous de ta carte : qu’est-ce qu’on mange chez toi ?

Victoire : Mes plats sont pensés pour une consommation quotidienne à Paris. J’ai adapté les quantités, soigné les présentations, tout en restant fidèle aux recettes traditionnelles. On retrouve bien sûr des tajines, mais aussi de nombreuses entrées végétariennes à partager, comme le Zaalouk (purée d’aubergine fumée) ou les Briouates. Tout est fait maison, y compris les desserts.

Mon plat signature ? La Pastilla végétarienne. Ce plat, traditionnellement préparé au pigeon, est ici revisité avec des légumes. Beaucoup de clients reviennent spécialement pour elle.

Et côté sucré, notre incontournable, ce sont les Briouates au chocolat : une bouchée tiède et croustillante qui cache un cœur fondant au chocolat noir et aux cacahuètes, le tout servi avec un caramel beurre salé maison. Une véritable explosion de gourmandise.

Et côté boissons ?

Victoire : J’ai une petite carte de vins, avec notamment des références marocaines qui marchent très bien. On propose aussi des cocktails maison avec des touches orientales : fleur d’oranger, menthe, cannelle… Et surtout des jus frais faits maison également : hibiscus, gingembre, tamarin. Pas de sodas industriels, je voulais rester cohérente avec mon offre.

Quel type de clientèle attire Comptoir Beldi aujourd’hui ?

Victoire : C’est encore tôt pour tirer des conclusions, mais globalement on attire une clientèle de 30 à 40 ans, locale et étrangère. Beaucoup de touristes trouvent le resto via Google Maps. J’ai aussi une clientèle marocaine, et ça me touche beaucoup, parce qu’ils connaissent bien la cuisine et leurs retours sont hyper positifs.

Quels sont tes engagements côté sourcing, gaspillage, etc. ?

Victoire : Tout est frais, et on fait hyper attention au gaspillage. Ma cheffe est super impliquée, elle transforme les surplus, trouve des idées pour tout valoriser. Côté déco, je voulais absolument valoriser l’artisanat marocain. C’est une vraie plus-value dans l’expérience client. Pour le reste, je fais au mieux. Le circuit court, j’y crois, mais c’est pas toujours simple au démarrage avec les minimums de commande.

Ton plus beau moment depuis l’ouverture ?

Victoire : Le jour de l’ouverture, sans hésiter. C’est la concrétisation de deux ans et demi de travail. Beaucoup de fatigue, mais aussi beaucoup de joie.

"Et surtout, la fierté d’avoir mené ce projet au bout. Même si sur le moment, on n’a pas trop le temps de réaliser." - Victoire Lemineur, fondatrice de Comptoir Beldi

Un conseil pour celles et ceux qui veulent se lancer dans la restauration ?

Victoire : Travailler dans le secteur avant de se lancer. Vraiment. Pas forcément pour tout savoir faire, mais pour comprendre ce que vivent les équipes. C’est indispensable pour manager avec bienveillance.

Et surtout, s’écouter. Il y aura plein de conseils, d’avis, de critiques. Mais au final, c’est votre projet. Il faut faire le tri, suivre son instinct et porter sa vision.

En lançant Comptoir Beldi, Victoire a voulu créer un lieu vivant, chaleureux, fidèle à ce qu’elle aime. Elle prouve qu’on peut se lancer sans tout savoir, mais avec l’envie d’apprendre, de bien faire, et surtout de rester alignée avec ses valeurs. Son parcours montre que rien ne remplace le terrain, les rencontres… et un bon plat authentique et fait maison. Une aventure qui ne fait que commencer.

Comptoir Beldi

📍54 RUE D'ARGOUT 75002 PARIS 🕦 Du mardi au vendredi de 19H00 à 22h30 et le samedi de 19h00 à 23h00